Cœur et bouche

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Le microbiome, communauté bactérienne, joue un rôle essentiel dans le fonctionnement du corps humain et le maintien d’une bonne santé (Zheng et al 2020). En ce qui concerne la flore intestinale, de nombreuses études ont montré ces dernières années que les centaines de millions de bactéries localisées dans le système digestif jouent un rôle essentiel dans le bon fonctionnement du métabolisme et du système immunitaire. A l’inverse, des phénomènes de dysbiose, c’est-à-dire de déséquilibre dans la composition du microbiome, créent une dérégulation de l’écosystème bactérien en association avec le développement de plusieurs maladies chroniques (Kitamoto et al 2022, Gilbert et al 2018).

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On peut aisément faire le lien avec la cavité orale et son impact sur la santé générale. De nombreuses études ont mis en évidence une communication étroite entre la cavité orale et le reste du corps, comme par exemple le foie, via la circulation sanguine et les échanges métaboliques entraînant des translocations bactériennes (Albuquerque-Souza et al 2022).

 

La cavité orale représente la communauté bactérienne la plus importante dans l’organisme après la flore intestinale, abritant plus de 770 espèces bactériennes différentes (Escapa et al 2018), 1ml de salive contenant près de 100 millions de cellules bactériennes (Curtis et al 2011). Les maladies parodontales ont un grand impact sur la symbiose ou l’équilibre de l’écosystème de l’organisme car ce sont des maladies inflammatoires chroniques multifactorielles directement associées à une dysbiose bactérienne, caractérisées par une atteinte partielle ou totale des tissus de soutien de la dent pouvant aboutir à la perte des dents (Papapanou et al, 2018).

 

La World Heart Federation, société scientifique de référence dans le domaine des pathologies cardiovasculaires, a établi pour la première fois en 2020, en association avec l’European Federation of Periodontology (EFP), un consensus prouvant le lien entre maladies parodontales et pathologies cardiovasculaires (Sanz M et al, 2020).

 

Recommandations issues du dernier consensus de 2020 (Sanz et al 2020) :

  • Les patients atteints de parodontites doivent être informés d’un risque plus élevé de maladie cardiovasculaire et doivent tenter de contrôler les facteurs de risque tels le tabac, l’alimentation, le suivi parodontal.
  • Les patients présentant un risque cardiovasculaire doivent avoir une bonne hygiène bucco-dentaire, se brosser les dents deux fois par jour, effectuer des visites prophylactiques régulières.
  • Les patients sous anti-agrégant plaquettaire et sous anti-vitamine K n’ont pas besoin d’arrêter leur traitement lors d’une prise en charge parodontale.

 

Conclusion

Un risque accru d’AVC est associé à la présence de parodontite sévère (Sen et al 2018). De nombreuses études rapportent une influence significative du traitement parodontal sur les marqueurs des événements cardiovasculaires. Le traitement parodontal déclenche une courte réponse inflammatoire, suivi d’une réduction de l’inflammation systémique ainsi qu’une amélioration de la fonction endothéliale, diminuant le risque de maladie cardiovasculaire. Des soins dentaires réguliers sont associés à un risque cardiovasculaire plus faible. Le traitement des maladies parodontales semble donc avoir la possibilité d’affecter également les maladies systémiques, comme les maladies cardiovasculaires. Prendre en charge sur le plan parodontal un patient atteint de parodontite sévère nécessite une visite de contrôle chez un médecin, dans le but de dépistage d’un éventuel risque cardiovasculaire

 

Bibliographie

 

  • Albuquerque-Souza E, Sahingur SE, Periodontitis, chronic liver diseases, and the emerging oral-gut-liver axis, Periodontol 2000. 2022 Jun;89(1):125-141. D
  • Curtis MA, Zenobia C, Darveau RP, The relationship of the oral microbiotia to periodontal health and disease, Cell Host Microbe. 2011 Oct 20; 10(4): 302–306.
  • Escapa IF, Chen T, Huang Y, Gajare P, Dewhirst FE, Lemon KP. New insights into human nostril microbiome from the expanded human oral microbiome database (eHOMD): a resource for the microbiome of the human aerodigestive tract. mSystems. 2018;3(6):00187–18
  • Gilbert JA, Blaser MJ, Caporaso JG, Jansson JK, Lynch SV, Knight R. Current understanding of the human microbiome. Nat Med. 2018;24(4):392-400.
  • Kitamoto S, Kamada N. Periodontal connection with intestinal inflammation: Microbiological and immunological mechanisms. Periodontol 2000. 2022 Jun;89(1):142-153.
  • Papapanou PN, Sanz M, Buduneli N, Dietrich T, Feres M, Fine DH, et al. Periodontitis: Consensus report of workgroup 2 of the 2017 World Workshop on the Classification of Periodontal and Peri-Implant Diseases and Conditions. J Periodontol. 2018 Jun;89 Suppl 1:S173-82
  • Sanz M, Marco Del Castillo A, Jepsen S, Gonzalez-Juanatey JR, D’Aiuto F, Bouchard P, Chapple I, Dietrich T, Gotsman I, Graziani F, Herrera D, Loos B, Madianos P, Michel JB, Perel P, Pieske B, Shapira L, Shechter M, Tonetti M, Vlachopoulos C, Wimmer G. Periodontitis and cardiovascular diseases : Consensus report. J Clin Periodontol 2020 ; 47 (3) : 268-88.
  • Sen S, Giamberardino LD, Moss K, et al. Periodontal disease, regular dental care use, and incident ischemic stroke. Stroke. 2018;49(2):355-362.
  • Zheng D, Liwinski T, Elinav E. Interaction between microbiota and immunity in health and disease. Cell Res. 2020;30:492-506.